• Ils avaient oubliés ce que cela faisait de vivre, d'aimer, de se toucher. Alors lorsqu'ils s'étaient revus, ils avaient pris un bain chaud pour laver leur corps d'une même eau comme pour s'unir peau à peau. Il l'avait emmené loin, dans un voyage poétique qu'ils sont les seuls à atteindre. Ils sont deux et des millions à la fois. Ils s'étaient séparés et leur corps s'étaient déchirés de cette faille. Elle était partie loin mais leur pensée semblait toujours se retrouver. Ils n'étaient jamais seuls, toujours présents l'un pour l'autre. Et chaque nuit, et chaque jour, ils s'offraient la lumière des étoiles, les flocons qui fondent sur une joue, les lumières de Graz et la roche des Alpes.

    Ils sont deux corps qui se lient et se séparent dans une danse qui nous est inaccessible à nous pauvres mortels. Ils chantent avec les muses et laissent leurs dos devenir des violoncelles sur lesquels elles jouent invisibles. Ils sont passions et incroyablement beaux. Il réside dans son cou et elle décroche des croissants de lune pour les lui offrir avant que l'aube ne se lève. Ils pourraient nouer leurs cheveux entre eux, mais c'est inutile. Ils pourraient se donner la main en permanence mais cela ne servirait à rien. Elle l'emmènera toujours plus loin car il est son ombre. Ils parcourent le monde et la terre entière car ils recherchent ce qu'il y a de plus précieux dans l'amour. Ils sont la nuit, ils sont le jour, l'aube, le couchant. Ils vivent et sont vivant.

    Ils n'ont plus besoin de survivre, ils ont trouvés. Ce qu'ils cherchent est au delà des mots et la compréhension humaine. Et nous les voyons sans les comprendre car il est son allumeur de réverbère et elle la consigne. Et inversement... Elle peut être une petite fille, il sera l'allumette. Et nous les regardons et les jugeons nous la foule bien pensante incapable de voir la beauté lorsqu'elle se trouve sous notre nez.


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  • Sa vie se passe comme s'il pleuvait sans cesse des larmes de deuils, larmes de douleur, larmes de cœur. Elle y trace une ligne où "everything happen", "everything can be", "everything dies". Elle n'a pas de lampe de chevet pour tracer cela à la craie. Elle connaît par cœur le visage de sa mort, elle vient de la croiser. Elle ne voit que le feu la cendre et se brûle de jouer la vivante. Elle est un imposture un visage passé, effacé, décousu. Mais soudain quelque chose s'affole et se rebelle en elle.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait et elle se refuse à vivre sans capuche. Elle essuie ses cheveux et ses cils dégoulinant d'eaux. Elle n'était qu'une onde, une flaque éphémère qui attendait que le soleil l'assèche une dernière fois et pourtant... Pourtant quelque chose s'est levée. Un zéphyr semble balayer l'onde et ride l'eau qui la compose. Elle est stupéfaite, ne comprend pas. Qu'est ce qui frappe ainsi à la peau de son être ? Elle se referme et semble pourtant entendre l'appel de plus en plus fort. Il est en elle, elle est indécise. Mortel ennui qui semble exploser brutalement face à ce simple toc toc à peine appuyé par la pulpe d'un doigt.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait et sa course, sa fuite semble s'être soudain stoppée nette. Elle est droite, le corps tendu vers l'avant, un pied qui va se poser vers son but qu'elle a oublié. Elle s'allonge, se délie et sens la douleur que ces fers infligent à ses poignets. Elle fait claquer sa langue dans sa bouche et le son revient dans ces oreilles. Alors elle lâche et la voilà qui parle, qui chuchote et puis tout s'accélère, elle parle de plus en plus vite, de plus en plus fort. Et soudain, elle hurle, son être est tendu, elle crie comme si ces cordes vocales allait s'arracher sous le souffle de sa voix. Elle hurle et pourtant sa gorge ne lui fait pas mal. Elle sent son ventre qui se tord pour expulser toujours plus d'air. Elle gonfle ses poumons d'air frais et expulse l'eau d'elle en un grand cri.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait mais elle est complètement sèche. Quelque chose l'a tiré de là et elle sait qu'elle lui a prit la main et qu'elle lui fera croire en l'avenir. Si elle y arrive, elle se portera jusqu'au matin et se prouvera qu'il existe des lendemains...


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