• Qu'est ce que la naissance sinon un moment de douleur pour deux personnes ? L'une donne la vie et l'expulse hors d'elle tandis que l'autre se retrouve dans un monde qu'elle n'a pas choisi et qui ne l'accueille pas vraiment. Personne n'est vraiment prêt. Ni la personne qui donne ni celle qui reçoit. Mais c'est comme ça et il faut l'accepter. Car la vie ne se reprend pas. Pas dans ce monde, le gosse qui veut vivre vivra si personne ne se met en travers de son chemin.

    Alors, on sort la vie d'entre nos cuisses et on la contemple de haut en bas. Les yeux se croisent et on cherche à comprendre. Qu'est ce que veut l'autre ? Attend-t-il quelque chose de moi ? Et puis le nouveau né hurle. Il braille de toutes ces forces. Et plus son cri est puissant, plus on sait qu'il a une bonne perception de ce que sera sa vie. Un moment long, difficile, beau, sombre mais qu'il faudra traverser quoi qu'il arrive.

    Venesiaa est née comme ça, dans un lieu si banal que personne n'a compris qu'elle était une femme forte et qui savait déjà qu'elle allait en chier. Alors, on l'avait collé contre un sein ferme et chaud et on lui avait mis un téton dans la bouche. Elle aurait voulu hurler à nouveau sa colère et la douleur d'être en vie mais une main douce et bienveillante avait caressé doucement, du bout des doigts, la naissance de ses cornes au sommet de son crâne. Alors, apaisée, elle avait joué son rôle de bébé : manger et dormir. De temps en temps, elle pleurait et babillait. Mais c'est ainsi une vie de bébé.

    Mère et père, patients, bienveillants avaient créé le monde de coton, doux et coloré qui l'entourait. Et puis, d'autres mondes apparaissaient autour d'elle, plus ou moins agréable et bon et doux. Mais elle grandissait. Et bientôt dans sa tête, elle retint que sa vie serait folle car elle galoperait sans rênes ni étriers. Qu'elle n'aurait jamais peur d'attraper le tonnerre à pleines mains mais que cela nécessiterait d'être douce avec ceux qui n'auraient pas ce courage. Car il existe d'autres formes de courage que celui ci.

    Venesiaa est une machine à ressentir et à penser. Paradoxe temporel, elle ancrait une réflexion continue dans un corps qui agissait instinctivement. "Hypersensible" c'était l'étiquette qu'on lui avait attribué et elle avait accepté. Elle voulait juste s'entendre penser quitte à dire aux autres de cracher la valda, histoire de savoir où elle en était. Elle pouvait tombée en pâmoison devant un sonnet et tirer avec un pistolet à six coups l'instant suivant. Elle est ce qu'elle choisit d'être et non ce que les autres voulaient voir.


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    Avant, je courrais.

    J'ai couru vite et loin pour les semer. Ces pensées noires comme la nuit, l'encre et mes larmes. J'ai cherché à les enfoncer au fond de moi. Je creusais et cherchais à les enterrer. Mais impossible, ça ressortait systématiquement et à chaque fois plus violemment. Alors on les compresse encore et finalement l'énergie qui s'en dégage et jetée à la figure de celui qui était trop proche de nous à ce moment là. Et la culpabilité s'ajoute à ces noirceurs. Un de moins pour nous supporter, nous dire nos liens, nos envies, nos promesses.

     

    Et l'on voit se gouffre en nous avec toutes ses idée noires au fond. Un petit pas et on tombe dedans et pourtant... On ne tombe pas. Alors on crie, on hurle, on sort tout ça. On l'expulse, on le crache, on le vomit et on prie pour que tout cela reste dans ce gouffre dont on cherche à se détourner. Et à nouveau on sent ces mains qui sont là. Oui, on les sent pas toujours de manière physique et appuyée. Mais elles sont là, elles sont dans ton dos et elles t'attrapent par la peau du cou pour te dire : "Viens là". Elles te détournent du gouffre, presque de force sans vraiment te demander ton avis. Juste parce qu'elles le veulent.

     

    Et ces mains, ces mains qu'on pourrait trouver égoïstes de nous forcer à continuer, on les chérie. On les protège et on les serre de toutes nos forces. Parce que oui ! Malgré tout, on ne veut pas tomber dans ce gouffre ! Parce qu'on sait qu'au moment où on sautera on se dira : "Pourquoi j'ai fait ça ?" Et ça sera trop tard. Alors égoïstement, on se cramponne, on s'en sert comme prise et on avance. On sait que ça les fait souffrir un peu, mais c'est elles qui ont choisi et l'on n'a pas le droit de leur refuser ce droit. Alors je m'accroche à elles.

     

    Before

    ©zemotion

    Et les pensées noires restent au fond du gouffre. On s'en détourne et on les apaise. On s'apaise. On s'assoit par terre et une à une, sans se faire de mal, lorsqu'on se sent prêt, on les retire du gouffre. On les regarde bien droit dans les yeux, on les vit, on les comprends, on les explique, on les rattache aux évènements passés et enfin, on les accepte. Cela prends des jours, des mois, des nuits, des années. Mais, petit à petit, on les brosse, on les lave de nos larmes et la noirceur s'en va. Elles deviennent bleues peu à peu. Elles sont plus ou moins claires, mais elles ne retourneront jamais dans le gouffre. Elles sont souvenirs, mélancolie, regrets, douleurs passées, questionnements, divagations, hésitations... Mais elles ne seront plus destruction.

     

    On les lave de nos larmes et on avance encore. Jamais elles ne pourront disparaître, c'est impossible car elles font parties de nous et qu'elles nous constituent, elles nous forgent. Elles sont nous. You can't be out of my mind. But, now, I'm not afraid by you.

     


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