• Sa vie se passe comme s'il pleuvait sans cesse des larmes de deuils, larmes de douleur, larmes de cœur. Elle y trace une ligne où "everything happen", "everything can be", "everything dies". Elle n'a pas de lampe de chevet pour tracer cela à la craie. Elle connaît par cœur le visage de sa mort, elle vient de la croiser. Elle ne voit que le feu la cendre et se brûle de jouer la vivante. Elle est un imposture un visage passé, effacé, décousu. Mais soudain quelque chose s'affole et se rebelle en elle.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait et elle se refuse à vivre sans capuche. Elle essuie ses cheveux et ses cils dégoulinant d'eaux. Elle n'était qu'une onde, une flaque éphémère qui attendait que le soleil l'assèche une dernière fois et pourtant... Pourtant quelque chose s'est levée. Un zéphyr semble balayer l'onde et ride l'eau qui la compose. Elle est stupéfaite, ne comprend pas. Qu'est ce qui frappe ainsi à la peau de son être ? Elle se referme et semble pourtant entendre l'appel de plus en plus fort. Il est en elle, elle est indécise. Mortel ennui qui semble exploser brutalement face à ce simple toc toc à peine appuyé par la pulpe d'un doigt.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait et sa course, sa fuite semble s'être soudain stoppée nette. Elle est droite, le corps tendu vers l'avant, un pied qui va se poser vers son but qu'elle a oublié. Elle s'allonge, se délie et sens la douleur que ces fers infligent à ses poignets. Elle fait claquer sa langue dans sa bouche et le son revient dans ces oreilles. Alors elle lâche et la voilà qui parle, qui chuchote et puis tout s'accélère, elle parle de plus en plus vite, de plus en plus fort. Et soudain, elle hurle, son être est tendu, elle crie comme si ces cordes vocales allait s'arracher sous le souffle de sa voix. Elle hurle et pourtant sa gorge ne lui fait pas mal. Elle sent son ventre qui se tord pour expulser toujours plus d'air. Elle gonfle ses poumons d'air frais et expulse l'eau d'elle en un grand cri.

    Tout se passe comme s'il en pleuvait mais elle est complètement sèche. Quelque chose l'a tiré de là et elle sait qu'elle lui a prit la main et qu'elle lui fera croire en l'avenir. Si elle y arrive, elle se portera jusqu'au matin et se prouvera qu'il existe des lendemains...


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  • Ils avaient oubliés ce que cela faisait de vivre, d'aimer, de se toucher. Alors lorsqu'ils s'étaient revus, ils avaient pris un bain chaud pour laver leur corps d'une même eau comme pour s'unir peau à peau. Il l'avait emmené loin, dans un voyage poétique qu'ils sont les seuls à atteindre. Ils sont deux et des millions à la fois. Ils s'étaient séparés et leur corps s'étaient déchirés de cette faille. Elle était partie loin mais leur pensée semblait toujours se retrouver. Ils n'étaient jamais seuls, toujours présents l'un pour l'autre. Et chaque nuit, et chaque jour, ils s'offraient la lumière des étoiles, les flocons qui fondent sur une joue, les lumières de Graz et la roche des Alpes.

    Ils sont deux corps qui se lient et se séparent dans une danse qui nous est inaccessible à nous pauvres mortels. Ils chantent avec les muses et laissent leurs dos devenir des violoncelles sur lesquels elles jouent invisibles. Ils sont passions et incroyablement beaux. Il réside dans son cou et elle décroche des croissants de lune pour les lui offrir avant que l'aube ne se lève. Ils pourraient nouer leurs cheveux entre eux, mais c'est inutile. Ils pourraient se donner la main en permanence mais cela ne servirait à rien. Elle l'emmènera toujours plus loin car il est son ombre. Ils parcourent le monde et la terre entière car ils recherchent ce qu'il y a de plus précieux dans l'amour. Ils sont la nuit, ils sont le jour, l'aube, le couchant. Ils vivent et sont vivant.

    Ils n'ont plus besoin de survivre, ils ont trouvés. Ce qu'ils cherchent est au delà des mots et la compréhension humaine. Et nous les voyons sans les comprendre car il est son allumeur de réverbère et elle la consigne. Et inversement... Elle peut être une petite fille, il sera l'allumette. Et nous les regardons et les jugeons nous la foule bien pensante incapable de voir la beauté lorsqu'elle se trouve sous notre nez.


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  • Il est grand, il me tient dans ses bras, il embrasse mon front, mes paupières, mes yeux. Je ne sais pas qui c'est. Il y a ses longs cheveux qui tombent sur mon visage. Nous sommes face à face, le thé infuse depuis trop longtemps. Ces lèvres descendent sur mes joues, je sens sa peau sous mes doigts. Son T-shirt a disparu, je promène mes lèvres sur ces trapèzes qui s'offrent à moi. Bras musclés, trapèzes développés en finesse. Danseur ? Batteur ? Grimpeur ? Je ne sais pas. Il m'embrasse.

    Cambrure de mon dos qui appelle les caresses. Envie d'être prise par la taille, il le fait. Il grignote ce cou offert, gémissement, tissus qui bruissent. Mon dos est contre un mur, il est froid, je n'ai plus de robe. Ça doit être ce bout de tissu bleu qui traîne là bas. Il y a un jean d'homme avec. Nous avons changé de pièce. Je sens sa peau contre la mienne, j'ai l'impression que chaque centimètre de ma peau est en contact avec la sienne. Je mêle nos langues. Il se raidit, je glisse mes mains sur son ventre, il en glisse une sur mes formes.

    Nous sommes dans un lit, sa barbe me chatouille, je ris, il sourit. Je l'attire à moi, il tire sur ma lèvre inférieure avec ses dents, j'emmêle mes doigts à ses cheveux. Il est brun, blond, et roux tout à la fois. Ces yeux changent de couleur. Il est un et multiple. Il est comme la femme de Verlaine et je l'aime d'autant plus. Il chuchote des mots doux à mes oreilles, sa peau est brûlante. Nous nous aimons jusqu'à ce que l'aurore arrive.

    Rêve érotique, fantasmes infinis...

    ______________

    Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
    D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
    Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
    Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

    Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
    Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
    Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
    Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

    Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
    Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
    Comme ceux des aimés que la Vie exila.

    Son regard est pareil au regard des statues,
    Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
    L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

    Paul Verlaine


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  • Vous avez été quatre, vous m'avez supporté, épaulé et moi... Moi... J'te demande pardon, pardon et excuse moi. Je voulais pas te faire de mal, j'te jure que je le voulais pas. Ces disputes sanglantes avec nos yeux qui lancent des poignards et ces mots qui nous écrasaient un peu plus à chaque phrase prononcée... Quelque chose au fond de moi me souffle que si vous étiez à nouveau en face de moi vous m'auriez déjà collé une ou deux torgnoles pour tout ça et puis pour ce texte à vif comme une peau arrachée, mal cousue, décollée. 

    Je vous demande pardon pour ces coups de tête hasardeux, ces décisions prises à la dernière minute, cette incapacité de changer d'avis et puis soudainement fondre en larme sans raison. Cette capacité absurde à sortir dehors pieds nus pour hurler ma solitude alors que vous êtes à côté de moi. Ces manies que j'ai de vouloir que telle chose soit à telle place, d'acheter compulsivement des livres, de m'arracher des morceaux de vie pour vous les offrir, les porter à votre bouche et presque vous les faire avaler de force.  Mais pardon, pardon excusez moi, mais je ne changerais pas

    Je ne sais pas faire autre chose que cela. Je ne peux pas me résoudre à me dire que c'est la maladie qui fait ça. Au fond de moi, je le sens ça fait partie de moi. Alors oui, je suis lunatique, impulsive, imprévisible, détachée, attachante, collante ou répulsive, beurre salé ou beurre doux, mais désolée si ça vous a blessé, pardon si je vous ai fait du mal, mais je ne changerais pas. Je suis tout ça et je ne veux pas devenir quelqu'un de rationnel, de cartésien... Je ne veux pas être quelqu'un qui compte ce qu'elle fait, qui pèse systématiquement le pour et le contre avant de savoir ce qu'elle fait. 

    Pardon, pardon, excusez moi... Si j'vous ai blessé, sachez que je ne voulais pas. Et je sais qu'un jour elles se refermeront vos blessures... Je savais pas que ça irait si loin ces histoires, que ça ferait si mal ce bazar. Pardon, c'est vrai des fois, je réfléchie pas. Mais tu sais d'une certaine manière je suis toujours là... Car je suis le frottement d'une page contre une autre, le cliquètement des touches de clavier d'ordinateur, les joues gonflées par l'air qui va ensuite s'échapper en faisant des bruits. Pour moi vous êtes tellement de choses à la fois, mais surtout vous êtes l'air froid du matin qui pique le nez, brûle les poumons et fait rouler une larme sur ma joue.


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  • Aujourd'hui je me rends compte que l'individu est au centre de tout à tel point qu'on a le droit de tout dire et de tout faire en temps qu'individu parce que cela n'engage que nous. Donc aujourd'hui je me suis entendu dire que les pds c'était pas des humains, mais des monstres mais il a le droit de le dire parce que comme il dit : "ça n'engage que moi."

    Et bien, voilà ce que je vais te dire et qui "n'engage que moi".

    Je suis bien pensante, bobo, écolo et niaise et je t'emmerde !

    Je suis une bobo parce que je suis étudiante, que je porte des lunettes, une écharpe très longue et des chaussures made in France. Oui, je suis une étudiante de 21 ans qui voudrait travailler dans la culture. Oui, je suis fière que la France subventionne la culture. Oui, je suis fière qu'elle engage un bras de fer avec les Etats Unis pour préserver son exception culturelle. 

    Je suis une écolo parce que je me déplace en vélo et en transport en commun. Oui, je n'ai pas de voiture à moi. Oui, je fais du co-voiturage parce que c'est bon pour mon porte-feuille et pour ma planète. Oui, je suis locavore et je privilégie les circuits courts parce que c'est moins cher et moins polluants. OUI, JE MANGE BIO ET ETHIQUE !

    Je suis bien pensante car je ne crois pas que les personnes aimants une personne du même sexe soient des monstres. Oui, je déteste les mots "pd" ou "godou" et je préfère les mots comme "gay" ou "lesbienne" parce que je les trouve plus doux et plus respectueux. Oui, je cherche à faire comprendre à mes amis qu'un homme qui en aime un autre c'est quand même un "vrai" homme. Oui, je trouve que l'amour c'est beau ! Oui, je trouve ça adorable quand je vois un couple se tenir la main. Oui, pour moi un homosexuel à le droit d'adopter. 

    Je suis bien pensante, bobo, écolo et niaise et je t'emmerde !

    Je suis niaise parce que malgré les gens comme toi je garde foi en l'humanité. Oui, j'espère qu'un jour on nous demandera de s'habiller dehors dans la rue non pas parce que l'on risque de se faire violer, mais parce que c'est plus facile socialement d'être vêtue. Oui, j'espère qu'un jour je pourrais dire aux hommes que je suis célibataire sans recevoir vingt demandes en mariage. Oui, j'espère qu'un jour on ne parlera plus de "vrai" homme ou de "vrai" femme. Oui, j'espère un jour pouvoir présenter ma copine à mes parents sans avoir peur de leur réaction. Oui, j'espère qu'un jour le mot "normal" disparaîtra du langage français... 

     

    Et je t'emmerde !

     

     

     

    Je suis bien pensante, bobo, écolo et niaise et je t'emmerde !


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